Quand une jument verte nait dans une famille de paysans français jusque là sans histoire, ça ne peut manquer de faire des vagues. La jument fait d'ailleurs une très courte apparition, physiquement parlant, mais sa présence est notoire tout le long du roman, du tableau où elle est peinte, par les commentaires et les récits qu'elle fait, virtuellement, sur les coutumes et pratiques sexuelles de deux familles rivales.
Ce livre est une satyre sans pitié dépeignant une certaine tranche de la société du XIXème siècle en France, allant du paysan frustre et de ses petites magouilles familiales ou politiques, et passant par une bourgeoisie aux idées étroites et ambitieuses jusqu'à la cour de Napoléon III où l'empereur décide d'aller voir la jument verte sur place, expliquant que cela doit être aussi rare qu'un ministre intègre.
Trois générations vivent et surtout forniquent le long des pages. Mais loin d'être pornographique, ce roman aux tendances nettement érotiques fait sourire par ces êtres simples dans leur façon de vivre et pourtant si compliqués dans la réalisation de leurs projets : la nomination d'un maire donne lieu à des intrigues incroyables où la complaisance féminine joue son rôle et une certaine lettre perdue crée la zizanie dans le village tout entier.
L'ambiance politique varie et louvoie entre Républicains et partisans de l'Empire, mais ce n'est jamais dramatique, tout revient à une question de terrain en litige ou d'une pièce d'eau pour abreuver les troupeaux : c'est là toute l'étendue des soucis des paysans de l'époque, mais quel livre cela a fait naitre !
Le style est incisif, le vocabulaire imagé et franc. Les propos de la jument sont sans