La laideur
Nous nous sommes retrouver pour honorer notre rituel du dimanche qui tombe aujourd’hui le 1er janvier. Tous les dimanches que le Bon Dieu a crée, nous prenons un pot dans un café parisien. Depuis 35 ans, nous ne dérogions pas à la règle. Comme toujours, moi Balbina et Kalasina on se querellaient et Bertha à son habitude, écoutait ses copines s’écharper. Nous ressassions de vieilles histoires. Nous retournions le passé antérieur. Aujourd’hui , le sujet qui était apparu inopinément, c’était la fidélité en amitié. Ada racontait l’histoire d’une traîtrise entre deux amies et j’ai dit : « la traîtresse , c’est exactement toi ! » Cette phrase a eu le don de réveiller le feu qui couvait sous le froid et la dispute était partie. J’étais lancée : « tu es comme la traîtresse Ada ! Tu devrais éviter de raconter ce genre d’histoires qui te desservent.
- pourquoi ? Faut-il que je te laisse me donner la liste des sujets dont je ne dois jamais parler ?
- Très Chère ! C’était un commentaire. Nous débattons de tout.
- C’est une attaque directe
- Comment ça une attaque directe
- C’est une attaque de front, n’est-ce pas Bertha ?
Bertha qui depuis longtemps avait renoncé à nous séparer, ne répondit pas de peur de se voir accuser d’avoir un parti pris.
- Tu as toujours été rétive à la vérité : tu t’es mariée trois fois et à chaque fois, nous avons été abandonnées. Tu n’es revenue qu’après le divorce. C’est de l’abandon doublée de traîtrise.
- Eh ! Balbine ! Je ne vous ai jamais interdit de vous marier ! C’est quoi ton problème ?
Nous arrivons au café et la querelle s’éteint aussi brusquement qu’elle était survenue. Bertha et moi commandons un café et Ada sa bière. Puis nous avons parlé chacune à son tour , les discours juxtaposés les uns à côté des autres. Bertha , ancien chef d’entreprise avait pris sa retraite et s’était réfugiée dans la religion. Ada, juriste de formation avait fini Taxiwoman et moi littéraire et poétesse de l’ombre.