La lecon
Alors, Ionesco en dit: « C’est alors que j’eus une illumination. Il ne s’agissait plus pour moi de parfaire ma connaissance de la langue anglaise. M’attacher à enrichir mon vocabulaire anglais, apprendre des mots, pour traduire en une autre langue ce que je pouvais aussi bien dire en français, sans tenir compte du « contenu » de ces mots, de ce qu’ils révélaient, c’eût été tomber dans le péché de formalisme qu’aujourd’hui les maîtres de pensée condamnent avec juste raison. Mon ambition était devenue plus grande: communiquer à mes contemporains les vérités essentielles dont m’avait fait prendre conscience le manuel de conversation franco-anglaise. D’autre part, les dialogues des Smith, des Martin, des Smith et des Martin, c’était proprement du théâtre, le théâtre étant dialogue. C’était donc une pièce de théâtre qu’il me fallait faire. J’écrivis ainsi La Cantatrice chauve, qui est donc une œuvre théâtrale spécifiquement didactique. » (N.C.N., p. 249-250)
Si les « vérités » proférées par les personnages sont creuses, elles dévoilent la véritable nature du langage.
Ionesco est hanté par le sentiment de l’étrangeté du monde, manifeste surtout dans la banalité quotidienne.
La vacuité de la parole.
La lecture des pièces ionesciennes est la manifestation exemplairement bouffonne d’une tragédie du langage.
Sur les « influences » souffertes par Ionescu: « La grande erreur de la littérature comparée – du moins telle qu’elle était il y a vingt ans – était de penser que les influences sont conscientes et même de penser que