La morale n'est-elle qu'un conditionnement ?
"La conscience morale n'est pas quelque chose que l'on soit susceptible d'acquérir, et il n'y a pas de devoir ordonnant de se procurer cette conscience; mais tout homme, en tant qu'être moral, possède en lui, originairement, une telle conscience." Cette citation d’Emmanuel Kant, extraite des Fondements de la métaphysique des mœurs nous invite à penser qu’imposer des limites, juger de ce qui est bien ou mal sont des processus que chacun détient depuis toujours, et donc depuis la naissance. Or, un nouveau-né est-il vraiment capable de différencier le bon du mauvais et le bien du mal de lui-même, sans aucune aide extérieure ? Ce même nouveau-né peut-il savoir quelles sont les fins qu’il devra poursuivre au cours de son existence et les moyens qu’il nécessite et/ou qu’il devra utiliser pour y parvenir, une fin étant le but pas forcément intentionnel d’une action ? Par conséquent, la question est : ce même bambin possède-t-il une morale qu’il aura su se fonder lui-même, sans aucune autre influence ? On peut être tenté de répondre négativement à cette question, mais cela signifierait alors qu’un être humain nécessite un apport de connaissances extérieur pour posséder une morale. Or, la morale n’est-elle qu’un conditionnement ? Pour simplifier, la morale, c’est-à-dire une doctrine raisonnée indiquant les fins que l’homme doit poursuivre et les moyens d’y parvenir, n’est-elle qu’un comportement acquis sous influence ? N’est-elle donc qu’un assujettissement de la volonté humaine à un déterminisme, ceci étant un système philosophique selon lequel les événements sont déterminés par des précédents ? Mais alors l’homme ne peut-il donc jamais avoir ses propres idées ? Ses capacités intellectuelles ne lui permettent-elles pas de posséder son propre point de vue, de peser le pour et le contre par lui-même, sans être influencé en permanence ? L’homme est-il par conséquent dénoué de bon sens ? Et si cette doctrine raisonnée n’est qu’un comportement acquis sous influence,