Que vaut la formule « à chacun sa morale » ?

3079 mots 13 pages
Que vaut la formule « À chacun sa morale » ?
Introduction
Souvent, je vois quelqu'un faire quelque chose que je n'aurais pas fait. J'en conclus alors, avec un haussement d'épaules, que c'est décidément à chacun sa morale.
À chacun sa morale : celui qui agit d'une façon que je juge mauvaise n'est pas sans principes, il a simplement d'autres principes que moi, voilà ce dont je dois me convaincre. Au lieu de sans cesse juger autrui et de le condamner à partir de moi-même, mieux vaudrait faire montre de tolérance et admettre qu'en matière de mœurs, comme en toutes choses, le relativisme règne en maître. À chacun à sa vérité, à chacun sa morale : il n'y a pas de vrai en soi, il n'y a que des opinions qui toutes se valent. Il n'y a pas de commandement moral s'imposant à tous, il n'y a que des règles propres à chacun. L'essentiel est de nous entendre : seule est intolérable l'intolérance, c'est-à-dire la dictature de celui qui veut contraindre autrui à adopter « ses » règles ou « sa » vérité. Bref, à chacun de faire ce qui lui plaît et, tant du moins qu'il ne fait pas violence aux autres, tous s'en trouveront bien.
« Nous avons inventé le bonheur » : le constat serait excellent s'il n'était fait par celui que Nietzsche nomme « le dernier homme », qui en permanence « cligne de l'œil » et, pour qui rien, jamais, n'est sérieux. Car enfin, n'y a-t-il pas derrière cette tolérance qui, sous couvert d'accepter tout, devient la norme absolue de toute chose, un profond mépris des autres et une grande vanité face à soi-même ? Ne plus rien exiger de soi, ne plus rien attendre du monde, est-ce donc cela le bonheur ? Mais alors, qui sommes-nous devenus au juste pour ne plus tolérer qu'un commandement quelconque vienne restreindre nos caprices ? D'où vient que l'individu ait été à ce point sacralisé que la moindre de ses volontés vaille désormais comme règle impérative ?
I. Du « désespoir d'être soi » à l'éthique du consentement
Il est bien entendu par tous que, désormais,

en relation

  • Peut-on dire "à chacun sa morale " ?
    2344 mots | 10 pages
  • Descartes, explication de texte
    1422 mots | 6 pages
  • La fable des temps nouveaux
    410 mots | 2 pages
  • L'imaginaire
    319 mots | 2 pages
  • Une oeuvre d'art immorale sera-elle immorale ?
    1280 mots | 6 pages
  • Voltaire- Etude de Candide
    300 mots | 2 pages
  • Peut on tout tolérer ?
    1411 mots | 6 pages
  • Stef
    768 mots | 4 pages
  • Gtyhujik
    1145 mots | 5 pages
  • Disertation philo fichée sur la morale
    645 mots | 3 pages
  • Chap2 Morale Devoir
    5569 mots | 23 pages
  • Conceptions éthiques
    1001 mots | 5 pages
  • Philo
    9668 mots | 39 pages
  • l'apologue
    325 mots | 2 pages
  • Peut on radicalement séparer sensibilité et moralité ?
    2835 mots | 12 pages