La mort de sartre
15 avril 1980 – LA MORT DE SARTRE
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Dans la préface à L’idiot de la Famille (ouvrage sur Mme Bovary de Flaubert), Sartre avait écrit : « On entre dans un mort comme dans un moulin. »
Prtt, au lendemain de sa mort, le 15 avril 1980, à 21h, le moulin dans lequel le philosophe était entré se trouvait bien encombré. Simone de Beauvoir, l’inséparable « Castor », l’irremplaçable amie/amour de toute une vie l’avait accompagné dans les derniers jours.
Les lecteurs de la presse apprennent la nouvelle le lendemain.
50 000 personnes au moins assistent aux funérailles. Le dernier écrivain, penseur français à avoir reçu tel hommage = Victor Hugo, un siècle avant. Sartre est couvert d’honneurs, d’éloges. La mort atténue tous les conflits de la vie. Et Sartre avait été l’homme du combat, permanent, total. Une déferlante médiatique accompagne celui qu’on nomme « le dernier maître de la pensée française ».
D'Athènes, de Caracas, de Rome, du Caire, de Londres et de Jérusalem, de Pékin, et même du Vatican !!!!! , le monde entier rivalisa de compliments à l'endroit du philosophe. Une fois débarrassés de Sartre - cet emmerdeur irréductible à toutes les causes qu'il avait pourtant embrassées -, les éditorialistes en profitèrent pour le figer dans la posture de l'insoumis celui qui avait refusé le-prix-Nobel-quand-ses-contemporains-cèdent-aux-honneurs ( il s’agissait bien , maintenant qu’il était mort et donc silencieux de lui assigner l'identité forcément postiche de l' «intellectuel engagé». Il n’était plus là pour vous renvoyer la bêtise bourgeoise de vos propos.
On le statufia, on le mit en une, on le mit en chiffres («quinze mille pages»!), on disséqua l'individu pour vendre du papier, on traqua dans l'urgence le scoop et la photo inédite, on multiplia les témoignages et les indiscrétions, on exhiba ses maîtresses, on le jucha sur son tonneau: on accomplit, en un mot, le double travail de sanctification et d'oubli. C'est ainsi