La mort et le bûcheron
"Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes. "
Cette fable allie tradition et innovation . La Fontaine prend parti pour les anciens dans la querelle des anciens et des modernes. C’est pourquoi, il s’inspire d’auteurs antiques - Ésope et Phèdre - pour créer sa fable. Cependant, afin de rendre sa fable plus constructive, le fabuliste cultivé élabore un récit original et plein d’agréments.
Problématique: Peut-on dire que La Fontaine nous instruit avec virtuosité?
Tout d’abord , nous verrons que cette fable est une réécriture des textes antiques, telle que pratiquent les anciens. Puis nous observerons comment La Fontaine excelle dans le genre de la fable par l’agrément du récit et par la justesse de sa morale. Enfin nous préciserons combien cette fable est un modèle du classicisme par son utilité et son agrément.
I_ Une fable traditionnelle reprise des Anciens : La réécriture
Dans cette fable; La Fontaine met en scène deux personnages. Il s’ agit d’une histoire connue. En effet, l’auteur de cette fable est Ésope. La particularité de cette fable est de présenter un personnage humain et une allégorie de la mort.
1. Fable reprise d’Ésope :
La Fontaine développe