La mort
En effet, nos sens ne peuvent d’aucune manière percevoir la mort : ou bien j’existe, et je n’ai donc pas encore rencontré la mort ou bien la mort est déjà là et je ne suis puis présent pour m’en apercevoir. Comme le note Jankélévitch « la première personne du singulier ne peut conjuguer « mourir » qu’au futur » (La mort). Parce qu’elle ne peut faire l’objet d’aucune expérience, la mort est impensable par excellence. La mort serait donc une sorte de « point hors sensation » dont la reconnaissance, selon Epicure (Lettre à Ménécée), permettrait d’exorciser l’angoisse humaine qui oppresse en mettant les hommes face à leur mort inévitable. L’angoisse empêche les hommes de se faire à l’idée de leur mort. La position empiriste d’Epicure pour qui « tout bien et tout mal réside dans la sensation » montre que la mort n’est rien puisqu’elle échappe à la réalité, c’est-à-dire à la vie dans laquelle nous sommes ancrés.
La mort n’est pas un objet de réflexion puisqu’elle revêt un caractère absurde. Les hommes veulent naturellement chercher un sens à la mort mais ils sont confrontés à son non-sens. Ainsi la mort nous surprend à n’importe quel moment de la vie. En cherchant un sens à la mort nous pourrions d’abord penser que la vie n’a de sens que parce que nous disposons d’un temps fini. C’est pourquoi la mort d’un vieillard chargé d’années peut apparaitre comme le point final ou le dernier accord d’une existence heureuse. Au contraire, cette position est ébranlée par des exemples tels que la mort d’un être jeune qui est toujours tragique et semble ôter tout sens à la vie. C’est ainsi que Sartre défie la thèse de nombreux poètes ou de romanciers qui