La médecine humaniste
Le médecin dont le métier s'intéresse à la vie humaine, occupe une fonction essentielle, à la croisée de la science, du social et de l'économie. Cinq documents abordent cette problématique. Les deux premiers, respectivement signés Jules Romains et Raoul Dautry, et datant du début du siècle, proposent deux visions opposées du métier de médecin, visions qui, avec des nuances, traverseront l'ensemble du dossier. Un passage d'un essai de l'économiste Alain Minc montre, en notre fin de siècle marquée par la régression démographique et économiste, la chute de l'idéal associé à la fonction de thérapeute. Quant à Luc Jacob-Duvernet, il analyse, dans les colonnes du magazine "Que choisir Santé", l'évolution des relations entre le médecin et son patient. Le dessinateur Serre, enfin, illustre avec un humour féroce la mécanisation du système d'hospitalisation. Après avoir montré les différentes caractéristiques de la fonction du médecin proposées par ces auteurs et sa dimension sociale et humaine, nous nous intéresserons aux rapports douloureux qu'entretiennent si fréquemment médecine et économie.
Le médecin offre une image parfois mitigée mais occupe une fonction sociale traditionnelle reconnue.
Luc Jacob-Duvernet, s'appuyant sur des résultats d'enquête, montre que le médecin jouit en France d'un prestige certain, fondé sur la confiance presque irrationnelle que lui voue son patient. Jules Romains et Serre nuancent toutefois cette reconnaissance quasi unanime: le premier en brossant à grands traits satiriques le portrait de Knoch, un médecin fort éloigné des préoccupations humanistes, et plutôt motivé par la recherche du profit; le second en montrant l'effarante mécanisation d'un système qui fait de l'hôpital une antichambre de la mort. L'image toutefois positive qui prédomine se fonde sur les fonctions que remplit le médecin dans la société. Si, dans les sociétés primitives, la fonction thérapeutique du guérisseur se confondait avec