La naissance de l'agriculture intensive
Dans les haies les anciens ont greffé des pommiers sauvages, des aubépines, des merisiers. Ils ont planté aussi des arbres fruitiers dans les angles de certaines parcelles mal taillées. Il y en avait pour tout le monde. La campagne était un paradis pour les enfants et nous avons tous gardé la nostalgie de ce temps là...
Mais après deux grandes guerres la main d'oeuvre masculine a manqué dans les campagnes. La nature s'est faite envahissante. Certains chemins bordés de haies se sont fermés, on passe au bout du champ. D'autres sont en mauvais état, défoncés par les grandes roues étroites et cerclées de fer, des charrettes et des tombereaux.
Parfois le paysan se sent impuissant, incapable de dominer la végétation sauvage qui gagne sur son champ, qui envahit sa prairie et parfois cerne les bâtiments de sa ferme. On ne peut pas comprendre cette sorte de rage à tout détruire, à remembrer coûte que coûte, cette obsession de la ligne droite qui a défiguré les campagnes à partir des années cinquante si on n'intègre pas l'impuissance et le découragement du paysan face à une nature qui le domine.
Le paysan est démuni face aux aléas climatiques, aux maladies, aux fluctuations des cours. Aussi il ne « met pas tous ses oeufs dans le même panier » mais