Durant plusieurs décennies, la citoyenneté a eu mauvaise presse. Elle était, pour les plus indulgents, désuète, surannée, insuffisante en tout cas pour organiser la « vraie » démocratie. La « citoyenneté bourgeoise », liée, pour les Français, à la grande Révolution, était soumise à une critique radicale, elle n’était que « formelle » et non « réelle », pour reprendre les termes classiques d’une tradition qui a longtemps imprégné le monde intellectuel. Mais, depuis l’échec politique, des grandes idéologies, c’est-à-dire des grands projets d’organisation du monde social qui contestaient radicalement ce qui était qualifié de «démocratie bourgeoise », nous sommes entrés dans un nouveau monde. Depuis une petite quinzaine d’années, à travers tout le monde savant, des États-Unis à l’Australie, en passant par tous les pays européens et africains, la notion de citoyenneté s'est progressivement affirmée dans la définition des comportements sociopolitiques. dans un cadre général, elle (la notion) désigne le lien social établi entre une personne et l’État qui la rend apte à exercer l’ensemble des droits politiques attachés à cette qualité sous réserve qu’elle ne se trouve pas privée de tout ou partie de cet exercice par une condamnation pénale (privation de droits civiques). toutefois cette conception générale n'occulte pas le fait que cette notion comporte des nuances selon l'espace géographique et la société dans lesquels elle est usitée; ce qui pose le problème de la conception réelle de la notion; problème qui pourrait simplement s'analyser dans une double perspective alliant d'une part l'idée de l'expression de la citoyenneté(1) et d'autre part celle de la citoyenneté comme fondement de la légitimité du pouvoir politique(2)
1- l'expression de la citoyenneté
Au-delà de sa définition générale, la citoyenneté s'envisage aussi comme une participation à la vie de la cité; c'est ainsi que l'on en distingue deux aspects liés au fait que le citoyen dont le statut implique