la notion de liberté
Considérations préliminaires
Il convient tout d’abord de bien se rappeler que la liberté n’est pas une réalité concrète. Le mot désigne une abstraction qui se tire de la qualité de certains de nos actes. 1 – nous sommes, voilà le concret ; 2 – nous posons des actes concrets ; 3 – certains de ces actes sont des actes libres. Nous appelons liberté la qualité des actes libres. En tant que capables de poser des actes libres nous pouvons nous-mêmes être qualifiés de libres, et parler de la liberté humaine, ou de la liberté comme d’une propriété caractéristique de notre humanité. La liberté est une propriété, non une réalité ayant une subsistance en elle-même. Il nous faudra donc étudier les actes humains et leurs conditions d’exercice pour établir ce qu’est leur éventuelle liberté.
Or il y a deux domaines privilégiés où se repèrent des actes libres : 1 l’action engagée dans le monde, 2 les actes de la volonté, dans le for intérieur. Ces deux domaines, bien qu’entrelacés, sont sensiblement différents et feront l’objet d’une étude séparée.
Mais avant d’engager cette étude il faut encore observer ceci : la liberté absolue est impossible et même paradoxale.
Elle est impossible parce que nous sommes engagés dans un monde régi par des lois physiques qui s’imposent à nos conditions d’existence : nous ne sommes pas libres d’échapper à la gravitation, ou à la nécessité de se nourrir et de se reposer. L’homme ne saurait être absolument libre, et si nous estimons qu’être libre c’est l’être absolument ou pas du tout alors nous sommes condamnés à déclarer que la liberté n’est qu’une affabulation vaine et illusoire. La question est de savoir si nous pouvons poser un acte libre ne serait-ce qu'une fois, si c'est le cas cela suffit à conclure que nous sommes libres.
D’ailleurs la liberté absolue est également paradoxale. En effet s’il n’y a liberté que d’actes libres il faudrait que les actions ne puissent s’appuyer sur aucune résistance de l’entourage,