La parole : entre fantasme et réalité
La recherche en psychanalyse s’est développée en particulier autour de ce problème : la relation entre le fantasme et la réalité et le rôle de la parole entre ces deux pôles.
La fixation sur le pôle de la réalité amène des catastrophes, amplifie les fantasmes et les collectivise : le docteur Lepastier, psychanalyste praticien attaché à l’hôpital de la Salpétrière écrit dans Le Monde : « (…) aux Etats-Unis, des patients adultes ont évoqué, le plus souvent sous hypnose, des scènes de séduction de leur enfance. Des tribunaux ont considéré que la "mémoire retrouvée" (recovered memory) valait preuve, et des abuseurs supposés, les pères le plus souvent, ont été condamnés. La fréquence du syndrome de la "mémoire retrouvée" a conduit à postuler que nombre d'enfants avaient été abusés, puis à rechercher les faits corroborant cette assertion. Parallèlement, chez les patients adultes, par un phénomène de contagion propagé par les médias, les récits se sont enrichis pour aboutir à des abus rituels sataniques (satanic ritual abuses) au cours desquels des enfants auraient été abusés et torturés jusqu'à la mort, les restes étant enterrés dans des charniers.
Avec l'affaire Dutroux, l'idée de l'abus rituel satanique s'est implantée en Europe en se laïcisant : des hommes puissants et influents, unis au sein de "réseaux" aux ramifications infinies, partagent des plaisirs criminels. En France, à plusieurs reprises, ont été signalés, avec une grande imprécision, des charniers d'enfants qui n'ont jamais été retrouvés. Initialement, l'instruction d'Outreau avait d'ailleurs pour ambition de mettre enfin au jour, à partir de la misère sociale, des relations complexes remontant à des puissants pervers. En janvier 2002, des pelleteuses ont même été utilisées ; leur action est restée vaine.
La fixation sur le pôle du fantasme amène à nier la réalité de certains faits et à éliminer l’influence de l’environnement sur la formation de la vie