La pc par mon prof de français
A) Le regard interdit
Cette scène est muette et seule la vue est signifiante.
- Les lexiques du regard et de la dissimulation sont présents, ce qui fait penser à une sorte de jeu de cache-cache à la fois exaltant et un peu pervers. « Il se rangea derrière une des fenêtres » pour se dissimuler et « Il vit qu’elle était seule ».
- La contemplation de la femme aimée procure un plaisir inouï à monsieur de Nemours : « il la vit d’une si admirable beauté, qu’à peine fût-il maître du transport que lui donna cette vue. »
- Mais l’admirer sans qu’elle le sache accroît cette jouissance : « la voir sans qu’elle sût qu’il la voyait [… ] c’est ce qui n’a jamais été goûté ni imaginé par nul autre amant. » On remarque la figure d’exagération qui fait de ce « voyeur » un amant hors du commun ! On dirait que madame de La Fayette s’emploie à magnifier une curiosité indiscrète, pour ne pas dire malsaine !
- Cependant, monsieur de Nemours n’a aucun scrupule à « espionner » madame de Clèves mais il craint de se montrer, même si il en éprouve une vive envie : « Il trouva qu’il y avait eu de la folie, non pas à venir voir Madame de Clèves sans en être vu, mais à penser de s’en faire voir. »
- En effet, quand il fait du bruit par maladresse et « qu’elle crut le reconnaître », elle s’échappe vite pour retrouver ses domestiques. Il ne reste plus à monsieur de Nemours qu’à s’en retourner sans pouvoir l’aborder !
On avait vu dans la scène du portrait dérobé (tome 2) que monsieur de Nemours voulait à tout prix s’emparer de l’image de Madame de Clèves. Le regard est donc une métaphore de la possession physique et dans cet épisode, monsieur de Nemours fait plus que convoiter une image : c’est la femme elle-même qu’il désire.
B) Un tableau sensuel et un aveu implicite
- La description de la posture sensuelle de madame de Clèves à travers les yeux de monsieur de Nemours fait irrésistiblement penser à un tableau de Fragonard où la princesse poserait en belle