Le bonheur est un concept personnel, que chacun doit définir selon ses convictions. C’est pourquoi personne au monde ne perçoit le bonheur de la même façon. Par exemple, Pascal revoie à un bonheur spirituel dans ses Pensées, tandis que Voltaire le clame plus terrestre dans Le Mondain. Albert Camus est un écrivain du XXe siècle, né en Algérie, pourtant d’origine française. Il a fortement marqué la littérature française par ses nombreux romans. En 1947 est publié un de ses chefs-d’œuvre, La Peste, qui raconte sous forme de chronique la vie des habitants d’Oran, en Algérie, pendant une épidémie de Peste qui frappe la ville. Nous nous intéresserons plus particulièrement à un extrait de cette œuvre, dans lequel Rieux et Rambert opposent leurs opinions respectives quant au bonheur. En quoi cet extrait propose-t-il deux conceptions antagonistes du bonheur défendues de façon à la fois catégoriques et sincères, mais néanmoins tout autant subjectives ? Tout d’abord, nous étudierons les visions opposées du bonheur de Rieux et Rambert, puis nous nous intéresserons aux stratégies argumentatives mises en places, pour enfin montrer l’évolution de l’argumentation des deux personnages.

I. Deux conceptions antagonistes du bonheur

1. Pour Rieux, un personnage altruiste

§1 : résume la conception du bonheur de Rieux Il ne peut pas y avoir de bonheur individuel, il faut penser aux autres car si les autres vivent dans la misère, nos âmes ne reposeront jamais en paix sans les avoir aidés. Cette conception s’explique par le fait que Rieux est médecin (cf « je suis médecin » l 6) : c’est pour lui une vocation de faire passer le bien commun avant le bonheur personnel

Énumération mise en valeur par la forme emphatique « C’est plutôt à l’honnêteté que je tiens, à la bonne volonté et à la patience » (l 4) + parallélisme mis en valeur par verbe pronominal et P1 « Je me soumets à l’abstraction, au bien public » (l 5, 6) Il met en avant les valeur qu’il défend avant