La phraseologie
Vestiges des bestiaires dans la phraséologie française
Elizabeth Dawes
L e s bestiaires français, comme les versions grecques et latines du Pbysiolojfus qui les ont précédés, reposent sur la tradition des compilations encyclopédiques des naturalistes anciens qui décrivaient les propriétés des animaux. Mais à la différence des encyclopédies, les bestiaires avaient comme but d'établir les correspondances entre le monde physique et le monde spirituel. Aux descriptions des animaux et de leurs comportements s'ajoutent leur symbolisme moral et religieux ainsi que les leçons que les Chrétiens doivent en tirer. Jouant sur les principes complémentaires du zoomorphisme et de l'anthropomorphisme, les bestiaires mettent constamment en parallèle les hommes et les animaux. Pour chaque animal du bestiaire, le compilateur énumère les propriétés physiques avant de passer au symbolisme moral et religieux, comme dans l'extrait suivant sur l'aspic: Quant ele crient estre enchantee L'une de ses oreilles prient A la terre moult durement, Et ο sa coue finement Estope l'autre orelle issi, Que d'ele ne puet estre oi L'enchanteor, en nule guise. De tel maniéré est sa cointise. D'autretele maniéré sunt Les riches homes de cest munt; Tant sunt enconbre et charchie De coveitise et de pechie. Quant il oient parler de De, Por richeces sunt asorde Qu'il n'oient, ne ne veient gote; ((1210-11) Guillaume le Clerc de Normandie, Bestiaire divin 2577-2592; éd. C. Hippeau 268).
FUrrilegiutn 15 (1998)
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Vestiges des bestiaires
Dans les œuvres littéraires qui empruntent aux bestiaires, la description et le symbolisme se résument parfois dans une seule phrase comme suit: Homme qe se enorgoille prenge ensample del poon de sei humilier, qe après