La poésie militante de david diop
L’adjectif « militant(e) » puis le substantif, nous dit Le Robert, viennent du verbe intransitif « militer » qui veut dire « faire la guerre » et dont l’apparition remonte au XIIIe siècle. Au XVIIe siècle sont nées les expressions figées « militer pour » ou « contre », c’est-à-dire « constituer une raison, un argument pour ou contre » ; et ce n’est que plus tard, au début du XIXe siècle, que les deux expressions lexicalisées ont fini par signifier respectivement « lutter sans violence pour ou contre (une cause) ». Quant à l’adjectif et au substantif « militant », ils commencent dès le XIXe siècle à indiquer une personne qui adhère à un parti politique ou à un syndicat et qui agit sans violence.
En bref, nous retenons qu’un militant est quelqu’un qui prône l’action directe, active, qui combat, qui lutte. Dans quelle mesure la poésie de David Diop peut-elle être considérée comme une poésie militante ?
Qui est d’abord David Diop, plutôt l’homme que l’auteur de Coups de pilons [6] ? Samuel Ade Ojo affirme que le poète devint « officiellement membre du Parti communiste une dizaine d’années avant sa mort » [7] et tous ses biographes notent qu’il participait de manière effective à l’action politique.
Ce poète a d’ailleurs souvent été comparé à Jacques Roumain (1907-1944), diplomate et militant communiste et grand écrivain de la Renaissance haïtienne, auteur du roman Gouverneurs de la Rosée et d’un recueil de poèmes [8], « les plus agressifs qu’ait jamais écrits un poète noir » [9], qui « marqua fortement Césaire, Damas, David Diop [lui-même], sans compter ses compatriotes » [10]. Comme le souligne S.A.Ojo, les critiques sont unanimes sur le fait que David Diop est désigné dès la publication des premiers poèmes dans la revue Présence Africaine en 1948 comme étant « un poète extrêmement militant » [11].
Dans sa lettre à Alioune Diop, D. Diop confie :
« Mon cher Alioune,
« ...je pars pour la