La poésie à l'ère de la diffusion électronique
La poésie est souvent représentée à l'aide d'une allégorie: l'allégorie d'une femme tantôt idéale et inatteignable, hautaine même, tantôt être de chair, souffle de vie et d'inspiration..., etc. Tous ces lieux sont communs au patrimoine occidental. Il s'agit d'une héroïne: au moment où l'on voit s'écrouler les grands mythes de la pensée occidentale, ainsi que ses catégories dont le mythe de l'individu-héros fait partie, il m'a paru important de se poser la question suivante: «cette héroïne existe-t-elle? La poésie existe-t-elle?»
L'idée d'une thèse sur la poésie, une thèse sur un genre littéraire, m'est venue tout à fait paradoxalement de la prise de conscience que la poésie n'est plus -- ou n'a peut-être jamais été un genre. J'aurais pu en effet ajouter ma propre allégorie-poésie, un lieu commun de plus, un ajout, une nuance à tous les dits et écrits sur ce sujet. J'aurais pu en faire l'historique aussi, ou me cantonner à une monographie (ce que j'ai déjà réalisé avec mon D.E.A 1 en France). Le constat de l'utilisation du mot «poésie» pour caractériser bien des contextes, dans un sens péjoratif ou idéalisant, méritait que je m'y arrête.
On entend quelquefois d'autres clichés comme: la poésie la mère de la littérature; la poésie, la mort de la littérature en train de s'exhiber..., etc.
Tous ces problèmes me ramenaient à mon point de départ: qu'est-ce que la poésie et finalement comment la définir ou essayer de la circonscrire sans retomber dans des clichés déjà maintes fois élaborés. A partir de là, j'en suis venue à penser que je faisais face à un faux problème, à une fausse piste. La poésie, cette héroïne aux multiples visages devait-elle être définie? Pourquoi la définir? Pourquoi la langue cherche-t-elle depuis le Moyen Âge à en établir les bases, alors qu'elle se dérobe toutes les fois sous nos pieds: elle est partout et nulle part, jamais là quand il s'agit de la (dé)montrer ou d'en rendre compte. Même sa