La poétique de la fontaine
Quel intérêt peut-on prendre aujourd’hui aux Fables ? Le singulier de l’adjectif aussi bien que l’indéfini du pronom que renferme l’interrogation, le second surtout, paraîtront suspects, à juste titre. Outre qu’il faut bien avouer que la plupart des lecteurs,
« captifs » de par l’école, n’y trouvent probablement aucun intérêt, sinon celui qu’on leur enjoint d’y prendre. À quoi ils défèrent plus ou moins docilement. Les justifications qu’on leur donne de devoir se réjouir peuvent être entendues d’eux ; elles sont moins souvent « senties », même des lecteurs les plus bénévoles. Se rabattra- t-on sur cette opportune fonction de l’instruire ? Allons donc ! C’est une raison à laquelle plus personne ne croit que sous bénéfice de feinte, à laquelle personne n’a peut-être d’ailleurs jamais cru que par révérence ou tactique, La Fontaine tout le premier, qui se fait néanmoins une obligation d’y insister, ad usum delphini, ce qui est de bonne guerre quand on veut avoir la paix1. Prise au sérieux, au « premier degré », la
« souriante sapience » du « pauvre vieux disciple d’Horace » ne mériterait pas mieux que la défiance que lui vouait un Bernanos, dont le fort n’était pas d’être démagogue, et qui reprochait à ce prétendu bon sens de servir sans doute à tout moment de l’existence, sauf aux très rares occasions véritablement décisives. Nous défiant à notre tour des belles et grandes raisons, c’est beaucoup plus modestement que nous voudrions « défendre » La Fontaine en