La prise en charge des mineurs isolés étrangers par l’aide sociale à l’enfance
Une protection nécessaire et perfectible
Rédactrice en chef adjointe de la revue Informations sociales et conseillère technique recherche au département de la recherche de la Direction des statistiques, des études et de la recherche (DSER) de la Cnaf depuis avril 2008. Ses domaines d’études à la Cnaf portent notamment sur l’évaluation de dispositifs expérimentaux, la décentralisation des politiques d’aide et d’action sociales, le travail social.
Le sort des mineurs isolés étrangers fait régulièrement l’objet de l’attention des médias. Qui sont-ils ? Et comment sont-ils pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance ? Cet article montre dans quelle mesure l’accompagnement de ce public bouleverse les pratiques des professionnels. Entre politique d’immigration et politique de protection de l’enfance, l’intérêt de l’enfant risque de se perdre dans des logiques contradictoires au sein de l’action publique.
À l’instar des autres pays développés, notamment européens, la France se trouve confrontée depuis la fin des années 1990 à un phénomène migratoire particulier : l’arrivée sur le territoire français de mineurs étrangers isolés (également appelés mineurs non accompagnés), c’est-à-dire d’enfants de moins de 18 ans se trouvant hors de leur pays d’origine et séparés de leurs parents ou répondants légaux.
Le nombre de ces jeunes arrivants et les vicissitudes de leur accueil en France constituent aujourd’hui une réalité qui suscite intérêt et polémiques. La statistique est encore toujours aussi incertaine mais tandis que « le débat était soigneusement évité par l’ensemble des protagonistes » il y a une dizaine d’années (France Terre d’Asile, 2000), tel n’est plus le cas en 2010[1] [1] Voir notamment : Défenseure des enfants, 2008 ; Besson,...
À la croisée des politiques d’immigration et de protection de l’enfance, dont les objectifs se révèlent difficilement conciliables, la situation