Kant les lumières
Les ennemis des Lumières s'opposent à cette revendication de liberté, craignant que la liberté renverse l'ordre établi et même tout ordre social et politique possible. L'essentiel des alinéas suivants est une réponse à ces objections qui ne sont pas fondées sur autre chose que sur le désir de maintenir le despotisme.
Un militaire, un fonctionnaire des finances, un prêtre, doivent, dans leurs fonctions, faire et dire ce que les institutions dont ils sont les membres leur imposent (ils font alors ce que Kant appelle un usage privé de leur raison, un usage de leur raison dans le cadre de fonctions définies par des règles qu'ils ne peuvent contester). Mais en tant qu'hommes, ils peuvent dans une revue, écrire des articles qui mettent en cause ces institutions (ils font alors un usage public de leur raison, entièrement libre). Obéissance et liberté de penser ne sont pas incompatibles, au contraire. Et interdire par exemple en matière de religion que les prêtres participent à un débat public sur les dogmes, c'est interdire tout progrès et violer ainsi les droits sacrés de l'humanité.
En 1784, nous ne sommes donc pas encore