La question d'orient
I Réformes dans un empire en crise
Au moment où la sultan Selim III arrive au pouvoir (avril 1789), l’Empire ottoman est une nouvelle fois en guerre avec les Russes et les Autrichiens: avec ceux-ci, la paix de Svitchov (août 1791) marque pour près d’un siècle la fin des hostilités et la statu quo frontalier; avec les Russes, en revanche, ce sont de nombreux territoires qui doivent être concédés à la paix de Jassy (janvier 1792). Selim III veut alors apporter des réformes dans l’Empire, en particulier dans l’armée: la promulgation du Nizam-i-djedid (nouveau règlement, 1793) est un signe insuffisant car il ne rénove pas de façon profonde le corps des janissaires, trop souvent à l’origine des troubles. D’autre part, dans plusieurs provinces des rébellions éclatent: en Syrie, au Hedjaz, en Bulgarie, en Serbie. À cela s’ajoute l’expédition de Bonaparte en Égypte qui provoque une crise sérieuse dans les relations franco-turques (1798-1801). Lorsque, à nouveau, Selim III cherche à réorganiser l’armée, les janissaires se révoltent, marchent sur Constantinople, déposent le sultan qui est exécuté peu après (juin 1808); à Mustafa IV, sultan pour quelques semaines, succède Mahmud II (1808-1839) qui va être l’initiateur des réformes. Ayant signé avec les Russes la paix de Bucarest (mai 1812) qui octroie à ceux-ci la Bessarabie et reconnaît aux Serbes une certaine autonomie, Mahmud II entreprend une série de réformes dont la principale se situe en juin 1826 avec la suppression des janissaires qui sont massacrés. Mais ces réformes sont encore limitées: par la suite, elles sont reprises et complétées par le sultan Abdul Medjid qui, par la promulgation de Gülhane (3 novembre 1839) inaugure véritablement la période des réformes, les Tanzimat. Par cet édit, il est décidé que tous les sujets de l’Empire sont égaux, sans distinction de religion ou de nationalité, que la loi est la même pour tous, que chacun versera directement à l’État des impôts en