La recherche de la vérité peut elle être désintéressée ?
On dit souvent des affaires humaines que chacun y trouve son compte, son intérêt. Mais pour peu que l'on s'y intéresse, le mot « intérêt » est ambigu, dans la mesure où il peut être péjoratif comme mélioratif. L'intérêt est ce qui importe à quelqu'un, mais cette définition est si vague que l'intérêt peut être à la fois ce qui convient à une personne ou à un groupe, ce qui est avantageux, ce qui rapporte de l'argent, mais aussi ce qui suscite l'attention de quelqu'un, ce qui fait l'objet de ses préoccupations. Par là même, le mot « désintérêt » est tout aussi chargé de sens. Il peut être aussi bien l'absence d'attention pour une chose ou une personne que le synonyme de désintéressement. Ainsi, la première question qui se pose avec notre sujet est celle de savoir en quel(s) sens prendre l'expression « désintéressement de la vérité ». De plus, le sujet, dans sa formulation même, affirme un certain nombre de présupposés : nous demandant s'il peut y avoir une « recherche désintéressée de la vérité », il présuppose aussitôt qu'il y a une recherche de la vérité, et bien plus, qu'il y a une recherche intéressée de la vérité – la question est de savoir s'il y en a une désintéressée. Les questions qui découlent de ces présupposés sont ainsi les suivantes : y a t-il véritablement une recherche de la vérité ? Dans quelle mesure et pourquoi est-elle intéressée ? Et enfin, se peut-il que la recherche de la vérité soit désintéressée ?
Un début de problématisation ...
Aristote souhaitait que la philosophie soit totalement désintéressée, ne cherchant que le pur plaisir de la contemplation du vrai. Mais que veut dire « désintéressé » ? Pour le Petit Robert, ce mot a deux sens : soit il signifie « qui ne porte aucun intérêt à quelque chose ou à quelqu’un », soit « qui n’agit pas par intérêt personnel ». Le premier sens ne peut pas convenir ici car si l’on fait des recherches, c’est forcément qu’on