La religion du xii siècle
La religion chrétienne1 du XIIe siècle n’est, bien sûr, pas celle des origines. Les disciples du Christ ont propagé la bonne parole, ont baptisé. Ceux qu’on appelle les Pères de l’Église2 ont formulé, d’après leur interprétation de la Bible, une série de règles qu’on appelle des dogmes, auxquels on doit obligatoirement croire. Certaines de ces croyances ont amené des divergences d’opinion, voire de graves disputes. C’est ainsi que se sont séparées les Églises d’Orient et d’Occident au XIe siècle et qu’a eu lieu le grand schisme d’Occident au XIVe siècle.
Au XIIe siècle, le christianisme semble à la fois simple et complexe. D’une part, son manichéisme est flagrant ; la vision du monde qu’il sous-tend est ainsi fort simple et ressemble un peu à celle du cinéma américain contemporain : il y a le bien et le mal qui s’opposent. Les bons vont au Paradis et les méchants, en Enfer. Pour ceux qui ne sont pas tout à fait méchants, qui ont cherché à racheter leurs fautes d’une quelconque façon, on a inventé à cette époque un endroit transitoire : le Purgatoire, lieu où l’homme expie ses péchés grâce aux prières que les vivants disent pour lui, et où il attend la délivrance... parfois jusqu’au jugement dernier. La représentation de Dieu qu’on se fait aussi est fort simple : c’est un Dieu juge, qui récompense ou qui punit, qui voit tout et qui sait tout. D’autre part, le christianisme est déjà complexe dans ses dogmes et dans son culte, auquel on reviendra un peu plus loin. La liturgie du XIIe