La religion royale
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Louis XIV ou la religion royale Par Joël Cornette publié dans L'Histoire n° 289 - 07/2004 Acheter L'Histoire n° 289 +
Absolutisme de droit divin... Jamais, sans doute, la monarchie n'a été si proche du sacré. Idolâtrie ou mise en scène politique ? Pour Louis XIV, ce qui importait avant tout, c'était de renforcer la majesté royale.
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Dans ses Rois thaumaturges , publiés en 1924, le grand historien Marc Bloch écrivait que « jamais époque n'a plus nettement et peut-on dire plus crûment que le XVIIe siècle accentué la nature quasi divine de l'institution et même de la personne royale » . Et il constatait que la manière d'agir et de sentir de la majorité des Français au temps de Louis XIV, sur le terrain politique, a pour nous quelque chose de mystérieux : « Nous comprenons mal l'idolâtrie dont la royauté et les rois étaient alors l'objet. » Selon Marc Bloch, cette difficulté où nous sommes de pénétrer sur un point si important la mentalité d'une époque tient peut-être à ce que nous n'en étudions trop souvent les conceptions, en matière de gouvernement, qu'à partir de ses grands théoriciens (Jean Bodin) ou de ses grands juristes (Charles Loyseau). Et de conclure : « L'absolutisme est une sorte de religion : or, ne connaître une religion que par ses théologiens, ne sera-ce pas toujours en ignorer les sources vives (1) ? » Voltaire confirme les intuitions de Marc Bloch quand il explique, dans Le Siècle de Louis XIV , que vers 1690 Paris était « idolâtre de son roi » . La plupart des Parisiens, ajoute-t-il, « nés sous le règne de Louis et façonnés au joug despotique, regardaient alors un roi comme une divinité » (2). Le témoignage de Valentin Jamerey-Duval, petit paysan bourguignon à la fin du règne du Roi-Soleil (1643-1715), confirme cette divinisation du souverain au niveau populaire :