Lois Aragon et d'autres auteurs ont entraîné la poésie sur la pente de l’action: ils ont voulu au travers de la forme poétique susciter l’enthousiasme ou l’indignation de leurs contemporains. Par exemple dans les Châtiments de Victor Hugo qui dénoncent avec véhémence «Napoléon le petit» jusqu’aux poèmes nés de la Résistance comme la Rose et le réséda, vibrant appel à l’unité contre l’ennemi entre «celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas». De plus, dans le poème la Rose et le Réséda, on retrouve cette musicalité, pourtant ce texte musical n'est pas une chanson mais un poème. Il n'a pas besoin d'accompagnement musical car il contient lui-même une musicalité. Cette musicalité se retrouve dans le refrain, mais aussi de manière générale, sur le plan de la forme. En effet il présente des vers rimés (= qui riment) en rimes croisées (= alternées), ces rimes étant réduites au nombre de deux : en [el] et en [a]. Ceci permet de mémoriser le poème plus facilement et lui confère une certaine musicalité. Ce sont de plus des vers réguliers (= tous de la même longueur quand on compte les syllabes), en 7 syllabes. Le poème : Louis Aragon 1943.
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fût de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe