La réforme agraire de Tibérius Gracchus
Depuis la prise de Véies en 396, la République romaine n’a cessé d’étendre son territoire au fil des guerres, contrôlant ainsi l’Italie et la Méditerranée. En effet, les romains étaient parvenus à vaincre Carthage en 146 après près d’un siècle d’affrontements, une victoire qui devait leur assurer richesse et prospérité et accroître leur domination sur le monde. Rome se construit notamment un ager publicus (terres publiques) en récupérant les territoires vaincus. Cependant, au lendemain de ces conquêtes, les transformations économiques apportées par les richesses confisquées aux vaincus ont bouleversé la société romaine. Les citoyens les plus riches (chevaliers et membres du Sénat) ont exclusivement profité des richesses laissant les citoyens les plus modestes s’appauvrir. Une crise sociale frappe alors la République romaine, caractérisée par la ruine et la disparition des paysans les plus modestes. L’opinion populaire à la fin du IIème siècle s’oppose même à la guerre et à la politique de colonisation qui ruine Rome. Ce constat est celui de Tibérius Sempronius Gracchus (163-133), raconté par l’historien grec Appien dans Guerres civiles, Livre 1, écrit dans la première moitié du IIème siècle après JC. Les écrits d’Appien nous présentent ici le discours de Tibérius Gracchus au tribunat et sa volonté de faire passer sa Lex Semponia (réforme agraire) qui avait pour objectif premier de résoudre les tensions de l’époque. Selon Tite Live (59 avant JC- 17 Après JC), un historien de la Rome Antique, la décision de Tibérius Gracchus de mettre en œuvre une réforme agraire serait née d’un voyage en Etrurie, où il fut frappé par les immenses domaines agricoles exclusivement exploités par des esclaves. Cette réforme va pourtant secouer une société romaine déjà sous tensions. Comment le projet de réforme agraire de Tibérius censé remettre en ordre la société romaine accentue-t-il au contraire les tensions sociales ? Nous nous