La réglementation de la rémunération des dirigeants
Depuis toujours, l’argent est un sujet tabou pour les français. Plusieurs explications peuvent être données à cette situation. Tout d’abord, à une, deux ou trois générations près, on vient tous du monde rural et de ce fait il nous reste des empreintes de la culture paysanne. On transmet le souvenir de cet argent caché dans les soupières ou sous les matelas pour éviter de se le faire voler. Ensuite, nous sommes marqués par la religion catholique qui est la religion des pauvres et qui ne qualifie pas l’argent d’honorable. Enfin, dans une moindre mesure, le poids du marxisme nous rappelle que l’argent est synonyme d’aliénation de l’homme. L’ensemble des ces éléments expliquent donc la ferveur des débats actuels sur la rémunération des grands dirigeants. Mais le problème posé (dans tous les pays) semble dévoiler au fur et à mesure de son étude un processus alambiqué très difficile à démêler. En effet, de quel patron parle t-on ? Qui fixe ou peut fixer ces rémunérations ? Qui peut mesurer le mérite ou la performance d’un patron ? Sur quels critères ? Quelles règles du jeu proposer ? Nous allons tenter d’éclairer ces pistes de réflexion tout en gardant à l’esprit que le chantier engagé sur ces réformes sera long car ce ne sont pas seulement des questions économiques ou financières qui sont traitées ici mais des questions humaines et idéologiques profondes.
Auparavant secrètes, les rémunérations des top dirigeants sont aujourd’hui visibles de tous, pour autant qu’on prenne la peine de parcourir les rapports annuels des entreprises concernées. Une avancée permise par la loi relative aux nouvelles régulations économiques de 2001 (NRE).
Suite à cette mini-révolution, les scandales ont fleuri : le départ à la retraite de Lindsay Owen-Jones en 2006, dont le salaire annuel de 6,6 millions d’euros a fait du bruit : l’ex-PDG de L’Oréal est devenu le retraité le mieux payé de France avec une pension