La science peut-elle remplacer la philo?
Certains le pensent. On retrouve par exemple cette idée chez les défenseurs d’un athéisme “militant”, qui pensent que la question de l’existence de Dieu est réglée par la science (par la négative bien sûr), et pour qui les nuances apportées par certains philosophes, par exemple celle de la distinction entre naturalisme méthodologique et philosophique, qui font de l’athéisme un positionnement métaphysique (certes assez défendable), sont simplement malvenues... Cette tradition est sans aucun doute la digne héritière du positivisme et du scientisme.
Plus récemment, le livre de Stephen Hawking et Leonard Modlinov “Le grand design” propose lui aussi une thèse anti-philosophique en soutenant qu’aujourd’hui la philosophie inutile, dépassée par les sciences qui seules nous permettent d’en savoir plus sur les “grandes questions existentielles”.
La principale critique qu’on puisse faire aux thèses anti-philosophique est celle de Daniel Dennett : “There is no such thing as philosophy-free science; there is only science whose philosophical baggage is taken on board without examination”; qu’on peut traduire par : “Il n’y a pas de science sans philosophie, il n’y a que de la science embarquant un bagage philosophique sans examen”. Autrement dit un scientifique qui affirme ne pas faire de philosophie est comme Monsieur Jourdain faisant de la prose : il fait de la philosophie sans le savoir.
De manière générale on peut reprocher aux thèses anti-philosophiques, leur promptitude excessive à considérer que notre savoir actuel est définitif et complet, ou du moins le paradigme actuel.
Ce qui importe, donc, c’est de recadrer la pratique scientifique, de relativiser sa prétention à fonder une ontologie “totalisante” en la contextualisant au sein d’une démarche de fondation de la connaissance plus vaste, plus profonde et plus lucide. Non pas que la science soit dénuée d'enseignements [EDIT] - et il ne s'agit pas non plus de revenir