La subjectivité du narrateur dans un amour de swann de marcel proust
Tout lecteur attentif de La recherche du temps perdu de Proust pourra remarquer trois éléments caractéristiques de l’œuvre. Il sera tout d’abord étonné et peut-être même déconcerté par la longueur et la complexité des phrases. Il aura également l’impression de voir évoluer des personnages à la fois très marqués et très mystérieux. Il notera enfin que le narrateur Marcel présente des similitudes avec l’auteur Marcel Proust. Ces considérations classiques méritent d’être approfondies et analysées. Pour notre part nous les aborderons dans le cadre d’une analyse sur la subjectivité du narrateur et plus particulièrement dans Un amour de Swann.
Nous n’aborderons pas la question de la ressemblance entre narrateur et auteur, qui nous semble contredire fortement les convictions défendues ardemment par Proust, notamment dans son Contre Sainte-Beuve : « Un livre est le produit d’un autre moi que celui que nous manifestons dans la société, dans nos habitudes, dans nos vices ». Nous étudierons en revanche en détails la présence du narrateur dans l’énoncé et notamment dans les descriptions des personnages. Ces dernières sont en effet caractérisées par une forte polyphonie qui sont dues à l’évolution du point de vue des personnages et à la divergence de leurs points de vue sur un même objet mais surtout aux interventions continuelles du narrateur. Ces interventions se manifestent sous plusieurs formes et interviennent à l’intérieur même des phrases : cela justifie en partie la longueur et la complexité des phrases proustiennes.
Nous analyserons les différentes manifestations de la subjectivité du narrateur après avoir défini les enjeux énonciatifs liés à son statut particulier.
I. Un narrateur omniprésent
1. Un statut particulier
Le narrateur d’Un amour de Swann a un statut particulier : il est à la fois extérieur au récit puisqu’il n’était pas né, et personnage d’un récit plus large qui