La symphonie pastorale
André Gide naquit le 22 novembre 1869, 19 rue de Médicis à Paris. Son père, Paul Gide, brillant professeur à la faculté de droit de Paris, est issu d'une famille protestante du Gard ; sa mère, Juliette Rondeaux, de magistrats normands aisés et catholiques. L'enfant fut surprotégé par une mère austère et puritaine. Il vécut une enfance maladive, inquiète, pendant laquelle il cultiva, peut-être même autant qu'il les subissait, de nombreuses de fréquentes crises nerveuses qui lui valurent de nombreuses cures. Sa scolarité, assurée essentiellement par des précepteurs particuliers, fut irrégulière. En 1877 et 1882, il fit deux brefs séjours à l'Ecole alsacienne, entrecoupés par des cures thermales. L'enfant, fragile et doué, ne supporta pas le milieu scolaire.
En 1880, il a le chagrin de perdre son père, cultivé et tolérant, qu'il admire. Désormais, il va vivre dans un univers exclusivement féminin composé de sa mère, proche et protectrice, d'Anna Shackleton, l'ancienne gouvernante de celle-ci, de ses tantes et de ses cousines.
C'est après avoir obtenu son baccalauréat de justesse en 1888, au lycée Henry-IV où il sympathisa avec Léon Blum, qu'il décida d'embrasser une carrière littéraire tout en s'inscrivant, pour plaire à sa mère, à la Sorbonne, facilitée par sa fortune personnelle.
Très tôt, Gide fréquenta des cercles littéraires, en particulier celui des symbolistes. Tous les mardis, Stéphane Mallarmé recevait la foule des jeunes talents, peintres, poètes, écrivains de la nouvelle génération comme dont Gide faisait parti. Dès 1891, il publia alors, à compte d'auteur, sa première œuvre intitulée Les Cahiers d'André Walter, roman d'inspiration autobiographique. Il fit alors son entrée dans les milieux littéraires de l'époque, rencontra Maurice Barrès, Stéphane Mallarmé, Paul Valéry, et surtout l'écrivain et dandy irlandais, Oscar Wilde, dont l'influence fut déterminante sue lui.
C'est en 1893 que, parti en Tunisie avec son ami le