La Tragi-Comedie
Au début du XVIIe siècle, la tragi-comédie connaît en France une vogue inouïe. Le genre n'est pas nettement défini, et on classe sous ce vocable une tragédie qui finit bien, tout comme une tragédie où le comique se mêle au tragique. Bien que ces deux notions ne se confondent pas, elles sont souvent associées dans l'esprit de l'époque. C'est alors une pièce irrégulière qui revendique tous les droits, c'est-à-dire qu'elle n'obéit pas aux règles théâtrales qui vont faire fureur dans le théâtre classique. Elle s'adresse d'ailleurs à un public que ces règles laissent indifférent et qui aime, au contraire, la variété des coups de théâtre et des intrigues surchargées. La tragi-comédie relate des histoires aux péripéties si multiples qu'on ne peut les limiter à une durée ou dans un espace fixés. Son succès vient de sa mise en scène qu'il paraît difficile d'imaginer aujourd'hui tant le théâtre a changé. En effet, les acteurs déclament et se déplacent dans la partie antérieure de la scène, alors que les côtés et le fond sont divisés en compartiments, chargés d'évoquer, par des peintures et des accessoires appropriés, les divers lieux où se déroule l'action.
En ce début de siècle, les auteurs de la tragi-comédie ont le sentiment de créer quelque chose de neuf et de parfaitement adapté au goût de leur génération. Puis vient le temps où les règles théâtrales s'imposent aussi à la tragi-comédie et c'est Pierre Corneille qui s'y conforme le premier avec Clitandre en 1632. Peu à peu, l'exigence de la régularité s'impose et, dans ce contexte, il semble logique de penser que la tragi-comédie est vouée à disparaître. Pourtant, comme le public l'apprécie tout particulièrement, elle se plie aux règles, s'adapte et subsiste si bien que Le Cid est, en 1637, une des plus célèbres tragi-comédies du théâtre classique.
Elle devient à son tour un genre plus régulier et se met à respecter les bienséances. C'est-à-dire qu'on ne se bat plus et qu'on ne tue plus sur scène,