I – LA VIE QUOTIDIENNE UNE REALITE INCONTOURNABLE :
Comme le rappelle Yann Le Goff dans le « quotidien en internat » le quotidien en tant que réalité, n’a pas été pris en compte pendant longtemps par les penseurs : « La philosophie classique situe le quotidien du côté du futile, de phénomène, de superficiel, des manifestations sans conséquence, etc… tandis qu’elle se considère comme une affaire sérieuse, du côté de l’être, de la substance, de la vérité, des causes premières… Elle se veut connaissance conceptuelle de la réalité en ignorant le quotidien comme source de connaissance pratique ».
Il faut attendre la psychanalyse (Freud : psychopathologie de la vie quotidienne) puis la sociologie pour que les sciences sociales prennent en compte cet aspect de la vie sociale. Henri LEFEBVRE a en effet inventé le terme de quotidienneté qui s’affirme aujourd’hui comme un équivalent de la vie quotidienne. Progressivement, toutes les sciences sociales se sont penchées sur la vie quotidienne en utilisant leur méthode spécifique pour l’étudier (de la statistique à l’observation participante dont nous reparlerons plus tard).
Pourtant, au-delà d’un manque d’intérêt qui n’est plus de mise aujourd’hui, cet objet d’étude reste très difficile à appréhender, tant cet aspect ordinaire de la vie est pluriel, polymorphe, caché, impossible à délimiter et à décrire totalement.
Selon Joseph ROUZEL, l’étymologie du mot quotidien se rattache à « chaque jour » et « chaque Dieu » : « Le quotidien est cette répétition permanente d’un temps réglé, découpé, organisé, habité par une dimension d’étrangeté, une dimension toute autre, une transcendance que l’on nomme Dieu ou les Dieux. Le soleil, l’astre qui nous illumine et nous sert à organiser le temps est le représentant de cette autre lumière, invisible, celle-là, qui nous gouverne, et sur laquelle nous n’avons pas de prise. Finalement ce que nous enseigne l’étymologie, c’est que le quotidien est le lieu où s’unissent l’immanence et la