La vie religieuse
2Ce nouveau livre de Jean-Noël Ferrié est en effet pour partie un retour sur les traces déjà explorées lors de la rédaction d’une thèse en sciences politiques soutenue à l’IEP d’Aix-Marseille en 1992, et intitulée Disposer de la règle : anthropologie religieuse d'un réseau social marocain du point de vue du du‘a'. On y trouvait une bonne partie des thèses défendues dans le présent ouvrage, lequel fait également écho à un autre livre de l’auteur : Le Régime de la civilité. Public et réislamisation en Égypte, lui-même tiré d’un mémoire pour l'Habilitation à diriger des recherches en Science politique (soutenu à l’Institut d'Études Politiques de Paris). L’auteur y dénonçait déjà les mêmes travers qu’il croit repérer dans la plupart des travaux sur les sociétés musulmanes, aussi bien en sociologie qu’en politologie, auxquels il reprochait de confondre la domination publique d’une référence – l’islam, ses rites et ses règles – avec la détermination, par cette référence, des systèmes d’action dans lesquels les hommes se trouvent engagés. Il y défendait également l’idée que l’islam ne doit pas être appréhendé comme le terme central de toute explication. Ce sont ces idées que J.N Ferrié entend à nouveau débattre ici.
3Curieusement, le livre ne semble pas avoir suscité les discussions auxquelles on aurait pu s’attendre. Frondeur, l’auteur déboulonne quelques statues et introduit des polémiques autour des conceptions, des pratiques et des figures de l’anthropologie en général. Il n’épargne ni ceux qui travaillent dans le champ du religieux en général ni ceux qui travaillent sur l’Islam en particulier.
4Il leur reproche, entre autres, de reprendre à leur compte les thèses erronées de Doutté, influencées par