La liberté comporte-t-elle des degrés
Il faut donc, pour Kant, que la liberté soit un absolu, qu’elle se situe au-delà des phénomènes. Elle a à voir avec la possibilité d’un premier commencement radical, qui ne soit déterminé par rien, mais qui puisse pourtant produire des effets dans le monde phénoménal.Si donc la liberté est un absolu, elle ne pourra comporter, pour Kant, de degrés. Elle est, ou elle n’est pas, un point, c’est tout. D’abord, il faut préciser qu’il est ici hors de question de soutenir, comme le faisait Leibniz en reprenant les thèses d’Aristote, que étant donné qu’il existe une échelle des êtres, il faut que la liberté comporte des degrés, puisqu’il n’y a pas de coupure stricte entre les différentes espèces. En vertu de la troisième antinomie, en effet, il s’avère que la liberté ne …afficher plus de contenu…
C’est toute la différence, par exemple, entre la conception du libre choix que l’on trouve dans le livre III de l’Ethique à Nicomaque, et celle que l’on trouve dans le mythe d’Er à la fin du livre X de la République de Platon, qui est ici en jeu. En effet, Aristote, pour qui, nous l’avons vu, la liberté comporte des degrés, pensait le choix comme non effectué une fois pour toutes : pour lui, il s’agissait de faire des choix dans la vie. Pour Platon, au contraire, il s’agit de faire un choix décisif, et absolu, irrémédiable, qui est le choix de nous-mêmes, de notre être, et même, de notre liberté. En ce sens, il est vraiment absurde d’admettre que la liberté comporte des degrés ! Si la liberté est un tel acte