Dans l’enquête L’amour de l’art , Dominique Schnapper, Alain Darbel et Pierre Bourdieu s’intéressent à la classe sociale de celles et ceux qui fréquentent les musées d’art européens. Ils concluent que l’expérience du plaisir esthétique n’a rien de naturel et que les œuvres d’art sont en fait des « œuvres de la culture savante », c’est à dire de la culture légitime, érigée par les classes supérieures qui y sont en contact de manière presque exclusive, puisque l’intérêt pour l’art se transmet par le biais de la reproduction sociale. Les œuvres d’art apparaissent alors comme des biens exclusifs, consommés seulement par une partie de la population. Ce statut de bien particulier questionne quant à la valeur de l’art : s’il n’est consommé que par la partie la plus cultivée – et donc la plus fortunée – de la population, cela en fait-il pour autant un bien de luxe ? L’art ne se réduisant pas aux œuvres d’art, il est difficile de …afficher plus de contenu…

Les objets d’art ne sont d’ailleurs pas toujours à vendre, comme par exemple lorsqu’ils sont exposés dans les musées, dont certains sont gratuits. La notion de valeur renvoie donc aussi à celle du poids du bien dans la société, dans l’histoire ou le quotidien. Elle peut être entendue comme valeur symbolique : que signifie la présence d’une œuvre d’art dans un domicile, que nous dit-elle des habitants de ce domicile ? Cependant, le concept de valeur d’un objet renvoie en tout premier lieu à l’idée de valeur monétaire dès lors qu’il s’agit d’un objet que l’on peut vendre ou acheter, qui existe sur un marché. Les économistes parlent de valeur d’usage d’un bien, c’est à dire son utilité, sa capacité à