Labè
Ô longs désirs, ô espérances vainesÔ longs désirs, ô espérances vaines,Tristes soupirs et larmes coutumièresA engendrer de moi maintes rivières,Dont mes deux yeux sont sources et fontaines !Ô cruautés, ô durtés inhumaines,Piteux regards des célestes lumières,Du coeur transi ô passions premières,Estimez-vous croître encore mes peines ?Qu'encor Amour sur moi son arc essaie,Que nouveaux feux me jette et nouveaux dards,Qu'il se dépite, et pis qu'il pourra fasse :Car je suis tant navrée en toutes partsQue plus en moi une nouvelle plaie,Pour m'empirer, ne pourrait trouver place.
Tant que mes yeux pourront larmes épandreTant que mes yeux pourront larmes épandreA l'heur passé avec toi regretter,Et qu'aux sanglots et soupirs résisterPourra ma voix, et un peu faire entendre ;Tant que ma main pourra les cordes tendreDu mignard luth, pour tes grâces chanter ;Tant que l'esprit se voudra contenterDe ne vouloir rien fors que toi comprendre,Je ne souhaite encore point mourir.Mais, quand mes yeux je sentirai tarir,Ma voix cassée, et ma main impuissante,Et mon esprit en ce mortel séjourNe pouvant plus montrer signe d'amante,Prierai la mort noircir mon plus clair jour.
Après qu'un temps la grêle et le tonnerre
Après qu'un temps la grêle et le tonnerreOnt le haut mont de Caucase battu,Le beau jour vient, de lueur revêtu.Quand Phébus a son cerne fait en terre,Et l'Océan il regagne à grand'erre ;Sa