Le chêne et le roseau anouilh
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Le Chêne et le Roseau est, avant d’être une fable de Jean Anouilh, une fable de Jean de la Fontaine, fabuliste du XVII°s. Cette fable se trouve en dernière position du premier Livre des Fables parues entre 1668 et 1693. La fable de La Fontaine est elle-même une reprise de la trame narrative de l’apologue ésopique « Le roseau et l’olivier », même si La Fontaine choisit, à la différence d’Esope, de donner la parole aux deux personnages. Les Fables de Jean Anouilh, parues en 1962, sont donc un hypertexte des deux hypotextes précédemment cités : les apologues d’Esope et les Fables de La Fontaine. Le travail sur l’intertextualité est au centre de l’œuvre de Jean Anouilh. Jean Anouilh reprend l’histoire du Chêne et du Roseau telle que développée trois siècles auparavant par La Fontaine, mais la reprend, pour ainsi dire, à la suite, comme si la fable d’Anouilh poursuivait celle de la Fontaine plutôt que ne la récrivait. Ce processus scripturaire original devra être examiné dans cette fable. Nous verrons ainsi dans une première partie la prophétie du roseau qui se réalise « tout comme la première fois » ; puis, dans une seconde partie, la nouvelle morale proposée par Jean Anouilh qui réinterprète le récit ; enfin, dans un dernier temps, nous nous interrogerons sur le processus de réécriture originale dans ce texte
Jean Anouilh a plusieurs fois réécrit les fables de Jean de la Fontaine. Dans « Le Chêne et le Roseau » il parodie la célèbre fable du même nom écrite près de trois siècles plus tôt par son prédécesseur. La forme de la fable de Jean Anouilh reste cependant très similaire à celle de Jean de la Fontaine puisqu'elle comporte trente-et-un vers de longueurs variables contre trente-deux dans la fable originale. Le contenu de l'apologue de Jean de la Fontaine est en revanche totalement parodié dans la réécriture de Jean Anouilh qui opère une inversion des rôles insolite.