Le cid
Le Cid : Une pièce étincellante de passion, de générosité et de panache, écrite entre les derniers feux de l'âge baroque et le soleil nouveau du siècle de Louis XIV, dont le héros pathétique et sublime, Rodrigue, symbolise à lui seul la fougue éternelle de la jeunesse.
Le Cid est d'abord une histoire d'amour fou, comme Roméo et Juliette, de Shakespeare, mais "l'obstacle tragique" (puisqu'il faut toujours un obstacle) à l'amour partagé entre Rodrigue et Chimène est de taille : jaloux d'une faveur accordée par le roi de Castille au père de Rodrigue (le préceptorat de l'infant), le père de Chimène a souffleté son rival ; trop âgé pour venger lui-même son honneur, celui qui fut "la vertu, la vaillance et l'honneur de son temps" demande à son fils de le faire à sa place. Rodrigue est accablé :
Percé jusques au fond du coeur
D'une atteinte imprévue aussi bien que mortelle
Misérable vengeur d'une juste querelle
Et malheureux objet d'une injuste rigueur,
Je demeure immobile, et mon âme abattue
Cède au coup qui me tue.
Si près de voir mon feu récompensé,
Ô Dieu, l'étrange peine !
En cet affront mon père est l'offensé
Et l'offenseur le père de Chimène !
Mais son hésitation ne dure qu'un instant : entre l'amour et l'honneur, Rodrigue choisit l'honneur :
Oui, mon esprit s'était déçu
Je dois tout à mon père avant qu'à ma maîtresse ;
Que je meure au combat ou meure de tristesse,
Je rendrai mon sang pur, comme je l'ai reçu.
Je m'accuse déjà de trop de négligence.
Courons à la vengeance,
Et, tout honteux d'avoir tant balancé,
Ne soyons plus en peine,
Puisqu'aujourd'hui mon père est