Le clezio
L e Clézio est un auteur atypique dans les lettres françaises d’aujourd’hui. Connu très jeune, à vingt-trois ans pour son premier roman, Le Procès-verbal (1963), il poursuit sa carrière littéraire jusqu’au milieu des années 1970 dans la mouvance formelle du Nouveau Roman. Puis il s’oriente vers une expression plus classique qui réserve une large part à l’onirisme, au mythe et aux grands espaces. Cette veine lui vaut le prix Nobel de littérature en 2008, en tant qu’ « écrivain de nouveaux départs, de l’aventure poétique et de l’extase sensuelle, explorateur d’une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante » comme on peut le découvrir sur le site officiel des prix Nobel. Désert est un roman de 1980 qui appartient à cette seconde manière. Le récit raconte comment Lalla, née dans le désert, a vécu une enfance heureuse dans le bidonville d’une grande cité marocaine, puis comment elle a été obligée de fuir et d’émigrer à Marseille où elle découvre la misère et la faim, « la vie chez les esclaves ». L’extrait à commenter rapporte comment la jeune descendante des hommes bleus est heurtée par la grande ville portuaire du Sud de la France. Il s’agit d’un texte narratif et descriptif qui appartient au genre romanesque. Exprimant les émotions et les sentiments d’une adolescente étrangère, ce récit relève du registre lyrique. Il peut intéresser le lecteur d’aujourd’hui par la présentation vivante du « choc des cultures » dans le bassin méditerranéen. Nous nous attacherons à montrer les impressions et les réactions d’une jeune Sahraouie dans une grande ville étrangère. D’abord nous examinerons comment elle se représente les lieux, puis ce qu’ils provoquent en elle.
La ville menaçante
La ville étrange se révèle menaçante. Ses dangers sont exprimés en particulier par deux métaphores filées : celles de la prison et du tombeau.
Une ville abandonnée
Champ lexical de la solitude : « Il n’y a personne dans les rues », « les maisons