Le comedien d'antonin artaud
Le théâtre occidental, né en Grèce, est avant tout un texte littéraire s´adressant à l´esprit : beau langage, qualités poétiques, mise en valeur de la psychologie des personnages à travers les dialogues, c´est ainsi que Shakespeare, Lope de Vega ou Racine lui ont donné ses lettres de noblesse. Ce n´est qu´à la fin du 19ème siècle qu´André Antoine ou Edward Gordon Craig vont donner aux pièces de théâtre une autre dimension en inventant le metteur en scène, sorte de chef d´orchestre chargé de donner au spectacle son unité. Des paramètres comme les décors, les costumes, les éclairages, mais aussi un jeu d´acteurs plus expressif pour davantage faire ressentir l´émotion au spectateur, vont reléguer le texte au rang d´un élément parmi d´autres, au service d´un spectacle. En suivant cette évolution, on peut comprendre la citation polémique d´Antonin Artaud, dramaturge, metteur en scène et comédien avant-gardiste du début du 20ème siècle : « Pour moi, nul n´a le droit de se dire auteur, c´est-à-dire créateur, que celui à qui revient le maniement direct de la scène ». Nous pouvons pourtant nous demander si cette conception du metteur en scène roi n´est pas aussi excessive que celle du dramaturge tout puissant qui l´a précédée. Pour répondre à cette problématique, nous analyserons tout d´abord le rôle du metteur en scène avant de fixer les limites de ses compétences. Nous montrerons par la suite que la rivalité entre dramaturge et metteur en scène est avant tout une affaire de perspective et d´égos, puis nous fermerons le débat en démontrant qu´une représentation théâtrale constitue une entreprise collective dans laquelle de nombreuses compétences entrent en jeu. I. La fonction du metteur en scène