Le coq et le renard
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Sur la branche d'un arbre était en sentinelle Un vieux coq adroit et matois.
« Frère, dit un renard, adoucissant sa voix,
Nous ne sommes plus en querelle:
Paix générale cette fois.
Je viens te l'annoncer, descends, que je t'embrasse.
Ne me retarde point, de grâce:
Je dois faire aujourd'hui vingt postes sans manquer.
Les tiens et toi pouvez vaquer
Sans nulle crainte à vos affaires;
Nous vous y servirons en frères.
Faites-en les feux dès ce soir,
Et cependant, viens recevoir
Le baiser d'amour fraternelle.
- Ami, reprit le coq, je ne pouvais jamais
Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle
Que celle
De cette paix;
Et ce m'est une double joie
De la tenir de toi. Je vois deux lévriers,
Qui, je m'assure, sont courriers
Que pour ce sujet on envoie.
Ils vont vite et seront dans un moment à nous
Je descends: nous pourrons nous entre-baiser tous.
- Adieu, dit le renard, ma traite est longue à faire,
Nous nous réjouirons du succès de l'affaire
Une autre fois.» Le galand aussitôt
Tire ses grègues, gagne au haut,
Mal content de son stratagème.
Et notre vieux coq en soi-même
Se mit à rire de sa peur;
Car c'est double plaisir de tromper le trompeur.
Mots et expressions :
Sentinelle :
Matois : Qui fait preuve de ruse sous des dehors de simplicité. Rusé mais ne le laisse pas savoir.
Vingt postes : Distance entre 2 relais de chevaux pour le courrier.
Tire ses grègues : S’en aller.
Gagne du haut : S’en fuir.
Personnages :
Dans la fable :
Vieux Coq : Surveillant de la route du courrier, adroit, habile, ingénieux et rusé mais il ne le montre pas.
Jeune Renard : Intelligent mais moins que le vieux Coq.
Dans le dictionnaire :
Coq : oiseau de basse-cour.
Renard : mammifère carnivore, fin et rusé.
Lévriers : chien à jambes longues, au corps allongé, à l’abdomen très étroit, au museau effilé, agile et rapide. Chasse les lièvres.
Situation d’énonciation :
Le vieux Coq et le Renard discutent