Le critique est un lecteur qui écrit sa lecture
« Le critique est un lecteur qui écrit sa lecture. »
En 1580, l'humaniste Scaliger s'appuie sur l'étymologie pour définir la critique comme « l'art de juger les qualités et défauts des œuvres de l'esprit »: le terme français est en effet emprunté au latin criticus, qui provient du nom grec kritikê signifiant « distinguer », « juger ». La critique est ainsi une forme d'écriture qui prend appui sur une autre œuvre littéraire pour l'étudier, pour en distinguer les traits principaux et directifs puis enfin pour en tirer un jugement.
Aussi, la citation que nous allons analyser donne une définition de ce qu'est un critique : « Le critique est un lecteur qui écrit sa lecture ». Le substantif critique est associé à l'image du lecteur, lecteur qui deviendrait, par la suite, l'écrivain d'une œuvre qui se baserait sur ce qu'il a lu.
Cette définition représente-t-elle précisément le critique?
Cette vision est certes séduisante et trouve facilement son illustration. Elle peut cependant sembler réductrice et passer trop rapidement sur les difficultés que pose la pratique de la critique littéraire. Il conviendra donc de s'interroger en fin de compte sur ce qui aurait pu être précisé pour donner une définition beaucoup plus précise du critique.
En effet, la critique naît de la lecture d'œuvres littéraires. Si l'on se réfère à la citation et que l'on parle d'un « lecteur » sans autre qualificatif, on évoque alors la critique spontanée. Ces critiques sont des lecteurs qui n'appartiennent pas au monde littéraire ou à une société de savants. Ils parlent des œuvres, ne sont pas des spécialistes, plutôt des amateurs éclairés. L'origine de cette critique, il faut la chercher dans une tradition historique de la culture française (aristocratique, puis bourgeoise), celle des salons parisiens. On « cause » en bonne compagnie. On est entre amis ou entre pairs, on échange des points de vue, on s'enflamme, on s'enthousiasme, on défend avec passion et