Le désir destructeur
Désirant vivre avec excès, Raphaël s’affranchit de tous les obstacles pour enfin conclure un pacte avec une puissance supérieure, à savoir le Talisman magique. Croyant ainsi, tout avoir, il n’est autre que l’esclave de cet objet surnaturel. En effet, le Talisman le force à inhiber ses désirs et ses pulsions : « Le monde lui appartenait, il pouvait tout et ne voulait plus rien. »
Son angoisse de la mort et sa crainte de formuler un vœu involontaire, mettaient Raphaël dans un état de solitude et de replie. Faisant appel à Jonathas, son domestique, ce dernier n’est en fait que le seul lien entre lui et le monde. D’ailleurs le vieux valet, en discutant avec son maitre est obligé de tenir discours précis, comme il l’a expliqué à Porriquet : (…) Il répondra par oui ou non. Jamais je ne lui dis : Souhaitez-vous ? Voulez-vous ? Désirez-vous ? Ces mots là sont rayés de la conversation. (p 192).
En effet, l’incident du souhait insouciamment formulé en faveur du professeur (Porriquet) : « Eh bien, mon bon père Porriquet (…) je souhaite bien vivement que vous réussissiez (à devenir proviseur dans un collège de province) » (p196), par le Marquis de Valentin en est la parfaite illustration expliquant ce sentiment de peur. Par ailleurs, ce souhait n’est-il pas une simple étiquette, une manie de la noblesse, classe à laquelle il appartenait et qui accorde trop d’importance aux règles de bien séance et au raffinement, bien qu’il s’agisse uniquement d’une formule de politesse derrière laquelle se dresse une insouciance presque offensive, qui lui coutera plusieurs jours à vivre ?
De peur que ses sens ne soient stimulés par un désir quelconque, le héros se retrouve coincé dans le piège du désir destructeur ; constatation faite par Raphaël lui-même : « La Peau était comme un tigre avec lequel il fallait vivre sans en réveiller la férocité » (p195).
La Peau de chagrin a changé le destin de Raphaël de Valentin, grâce à laquelle il