Le désir
Intro : Le désir est le mode d’être primitif de la conscience et, en ce sens, il est propre à l’homme. Cela ne veut pas dire pour autant que tout désir soit louable, puisqu’on peut fort bien désirer la mort de l’autre ou même sa souffrance. Il peut être tout à fait illusoire en ne portant sur aucun objet, ou bien n’être pas positif et même se pervertir en s’aliénant à un objet comme une forme d’enchaînement. Autrement dit, toute réflexion sur le désir suppose une réflexion sur son objet et même oblige à se demander si le désir implique un manque (ne désire-t-on que ce qui nous manque ?), comme le pense Platon, ou au contraire une plénitude, au sens où un homme désire au fond ce qu’il est et ne se fuit pas dans de vain désirs, puisque Epicure montre que seuls les désires naturels et nécessaires doivent être recherchés.
I/ Le désir ne se réduit pas au besoin C’est parce que l’homme a une conscience qu’il est un être de désir : c’est en effet grâce à elle qu’il peut métamorphoser un besoin en désir. Le besoin est naturel et implique de ce fait une passivité (avoir faim), puisqu’on ne peut que le subir, alors que le désir est actif (bien manger) et est donc en quelque sorte spirituel, pouvant même pousser un être à désirer l’inutile (ainsi la culture au sens large). Les besoins ne demandent qu’à être assouvis et sont donc limités à leur objet, alors que le désir peut démultiplier, voire créer ses propres objets puisqu’ils ne sont pas fixés à l’avance. L’art ou la pensée sont ainsi l’expression d’un désir humain de ne jamais se satisfaire de la réalité ; en effet tout désir précède son objet et ne se limite pas à lui, il survit à sa possession, alors que le besoin cesse lorsqu’il est assouvi (après avoir mangé, je n’ai plus faim).
II/ Du désir de reconnaissance à sa perversion Le désir engage d’emblée dans les relations intersubjectives et dans la formation d’une personnalité. Ainsi, l’enfance puis l’adolescence sont des âges où les désirs peuvent