Le fait d'obeïr au droit. que respecte-on? la force ou la justice.
■Tout système juridique est relatif à une société. D’où la tentation de déplorer le caractère changeant des lois, et la relativité de la justice institutionnelle : "Plaisante justice qu’une rivière borne! Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà", constate ainsi Pascal, qui en déduit qu’il n’y a que la coutume qui puisse fonder l’équité, "par cette seule raison qu’elle est reçue". La justice ne pourrait alors se concevoir comme un principe universel, elle serait toujours liée aux mœurs des sociétés.
■Dans son versant répressif, la justice instituée implique à nos yeux une notion de responsabilité qui ne commence à se manifester qu’avec le droit romain : c’est l’agent d’un comportement répréhensible qui en est le seul "auteur" (terme qui désigne initialement la responsabilité), et c’est donc lui seul qui doit être sanctionné. Cette responsabilité n’est pas le propre de certains hommes, elle concerne au contraire tout individu, et c’est pourquoi la justice doit non seulement être la même pour tous, mais de surcroît considérer que tous peuvent être accusés de leurs méfaits.
a) La notion de justice On ne saurait être « juste » ou « injuste » envers soi-même. Comme l'a vu Platon, c'est la vertu toute entière. Mais en un sens plus spécial, c'est elle qui préside aux partages (justice « distributive ») ; c'est elle aussi qui redresse (justice « réparatrice ») ce qui a été faussé lorsqu'un tort a été causé ; enfin elle intervient pour régler les échanges et les transactions commerciales. La justice distributive préside à la répartition des charges, des biens et des honneurs dans la cité. Elle ne procède pas selon l'égalité arithmétique, car elle tient compte des inégalités effectives de mérite. Le juste, alors, est proportionnel aux services rendus et aux qualités manifestées par les membres de la communauté politique, à leur degré de participation à