Le financement de l’ innovation et de la r & d en france un bilan statistique
LE FINANCEMENT DE L’INNOVATION ET DE LA R & D EN FRANCE
UN BILAN STATISTIQUE
JEAN BELIN * MARIANNE GUILLE **
a France est en retard sur ses principaux concurrents dans les domaines de l’innovation et de la recherche-développement qui constituent à long terme la principale source de soutien à la croissance. En 2000, 2,2 % du PIB a ainsi été investi par l’État et les entreprises dans la R & D contre 2,5 % en Allemagne, 2,7 % aux ÉtatsUnis et 3 % au Japon. Parmi les raisons invoquées pour justifier ce retard, figurent principalement la trop faible coopération entre les entreprises et les chercheurs, le manque de soutien public aux laboratoires de recherche et l’insuffisance de l’investissement des entreprises françaises en R & D souvent expliquée par des facteurs organisationnels ou culturels. Cependant, les facteurs financiers peuvent également affecter le développement des technologies. En effet, le financement externe des projets innovants ou de R & D se révèle plus difficile que celui des autres investissements pour plusieurs raisons. Ces projets sont notamment caractérisés par un risque plus élevé ainsi que par une rentabilité à plus long terme et plus aléatoire. Elle se concrétise, par exemple, par des taux de profitabilité souvent négatifs, en particulier dans le secteur de la nouvelle économie1. En outre, les coûts fixes sont plus importants, souvent irrécupérables et offrent peu de garanties, notamment parce qu’ils sont fréquemment immatériels, trop spécifiques à l’entreprise ou que les anticipations de développement du marché ne se réalisent pas. Enfin, les asymétries
* Crese, Université de Franche Comté. ** Cefib, Université Panthéon-Assas Paris 2. Nous remercions la Fondation Banque de France pour son soutien financier, le MENRT ainsi que JeanYves Caro et Catherine Lubochinsky pour leurs commentaires. Les opinions exprimées et les erreurs qui pourraient subsister restent