Le fleuve bleu
Depuis la mi-janvier, il pleuvait sans discontinuer, mais cela ne représentait pas grand-chose pour le lac Poyang [dans la province du Jiangxi, au sud-est de la Chine] qui venait de connaître son plus bas niveau depuis soixante ans. Depuis 2003, le lac est quasiment à sec durant l'automne et l'hiver. Le lac Poyang n'est pas le seul à être touché par ce phénomène : plusieurs autres situés sur le cours moyen et inférieur du Yangsté-kiang [Fleuve bleu] sont taris depuis des années. Le Rapport 2011 sur le développement et la protection du Yangtsé-kiang, publié le 6 janvier dernier, indique que 243 lacs de plus d'un kilomètre carré ont disparu ces trente dernières années en Chine.
Pourtant, vers la source du Fleuve Bleu, les lacs se multiplient et s'agrandissent. Selon le rapport, 60 nouveaux lacs naturels de plus d'un kilomètre carré sont apparus depuis une trentaine d'années en Chine, essentiellement en bout de glaciers.
Cependant, à long terme, les eaux de fonte des glaciers vont diminuer, et les lacs, pour lesquels ces eaux constituent un apport majeur, vont rétrécir voire disparaître, et l'alimentation en eau de grands fleuves comme le Yangsté-kiang et le Huang He [Fleuve jaune] en pâtira. Selon le rapport sur le Fleuve bleu, depuis plusieurs décennies, les liens entre les lacs et le Yangsté-kiang ont été modifiés suite à la construction de grands barrages et d'écluses.
Les lacs ont de ce fait perdu leur relation hydraulique naturelle avec le Fleuve bleu ; le cycle de renouvellement de leurs eaux s'est allongé ; le pouvoir épurateur de leurs zones humides a diminué, ce qui n'a fait qu'aggraver l'eutrophisation et la détérioration de la qualité de leurs eaux et ce qui explique en partie la prolifération des cyanobactéries.
En fait, le fleuve a beau communiquer avec les lacs, son pouvoir épurateur a considérablement baissé, étant lui-même très pollué. En 2009, 33,32 milliards de tonnes d'eaux usées y ont été déversées, soit un cinquième