Le front scève
Le Front, Maurice Scève, 1536
Front large et haut, front patent et ouvert,
Plat et uni, des beaux cheveux couvert :
Front qui est clair et serein firmament
Du petit monde, et par son mouvement
Est gouverné le demeurant du corps :
Et à son vueil sont les membres concors :
Lequel je vois être troublé par nues,
Multipliant ses rides très-menues,
Et du côté qui se présente à l’œil
Semble que là se lève le soleil.
Front élevé sur cette sphère ronde,
Où tout engin et tout savoir abonde.
Front révéré, Front qui le corps surmonte
Comme celui qui ne craint rien, fors honte.
Front apparent, afin qu'on pût mieux lire
Les lois qu'amour voulut en lui écrire,
Ô front, tu es une table d'attente
Où ma vie est, et ma mort très-patente!
Introduction
La poésie, classiquement célèbre la femme ce qui est le cas dans ce poème de Maurice Scève. Après avoir écrit de nombreux poèmes, il se met à écrire des « blasons », courts poèmes faisant l’éloge d’une femme par le biais d’une partie de son corps. Ils sont inspirés du genre marotique mais ils ne doivent en fait, dans leur esprit, rien à Marot : en effet ils s'attardent peu sur l'anatomie et explorent plus volontiers les beautés du « microcosme » féminin. Le blason étudié se nomme « Le Front ».
Il sera intéressant de se demander comment par la description d’une partie du corps, le poète peut-il arriver à faire un éloge de la femme ?
Afin de répondre à cette question, dans un premier temps nous allons nous intéresser à l’éloge de la femme idéale fait au travers de ce blason puis dans un second temps, nous verrons comment le poète passe du portrait de la figure féminine à la cosmogonie.
Conclusion
Nous avons vu que le poète Maurice Scève dresse dans ce blason un éloge d’une femme aimée qu’il étend à toutes les figures féminines en général. Il tient une place d’observateur qui admire sans que toutefois il essaye une seule fois de la charmée ou bien de la