Le héro
Avatars sociaux, historiques et légendaires d’Alphonse Martinez (Palencia,
XIIIe-XVe siècle)
Georges MARTIN
Université Paris-Sorbonne SEMH-Sorbonne (CLEA, EA 2559) SIREM (GDR 2378, CNRS)
Le règne de Ferdinand IV (1295-1312)[1], notamment au cours de la minorité du roi, qui prit fin en 1301, fut empoisonné par un problème qu’avec la couronne il avait hérité de son père. La légitimité de Sanche IV, et donc celle de son fils héritier, était, en effet, hypothéquée par la loi dite « de représentation » incluse dans la deuxième rédaction des Sept parties et qui privilégiait la descendance par les aînés même lorsque le premier héritier présomptif -c’était le cas de Ferdinand de La Cerda, frère aîné de Sanche- était mort avant d’avoir régné. Elle était en oute entachée par la révolte qui avait amené le second fils d’Alphonse X à déposer de fait son père et à être en conséquence déshérité et solennellement maudit par celui-ci. Les droits à régner de Ferdinand étaient enfin mis en cause par le mariage incestueux de Sanche IV avec sa cousine Marie de Molina, dont le souverain pontife se complut longtemps à faire attendre la dispense[2]. Ces dynastes affaiblis durent supporter -plus encore Ferdinand que son père- la concurrence que leur livra la branche dynastique des La Cerda ainsi que d’autres infants, rejetons de Ferdinand III ou d’Alphonse X, qui, portés par les eaux troubles de ce contexte successoral, firent alliance avec elle. Les uns et les autres cherchèrent l’appui des villes, qui surent monnayer leur soutien. Du jeune roi et de sa mère, notamment, au fil de cortès réunies à peu près chaque année, les élites urbaines obtinrent des avantages de tous ordres, souvent considérables, au point qu’elles parvinrent à se réserver la plus grosse part des charges du gouvernement royal.